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Marc-Henri Arfeux au fil des jours : Publications, Nouveautés, Evénements
15 novembre 2014

CONSIDERATIONS SUR LA COMETE

Comme beaucoup d'autres, la récente arrivée du module Philae sur la comète qu'il était chargé de visiter et d'étudier, m'a porté à la rêverie. Si, nous le savons tous et le redire est presque un truisme, les exploits scientifiques et techniques sont souvent mis en relief de façon immédiate et parfois naïve, ils prennent lorsque ils concernent l'espace une dimension très différente de celle qui se rapporte à la réussite des ingénieurs chargés de les mettre en oeuvre. Non seulement, ils nous ouvrent à une connaissance plus précise des phénomènes qu'ils permettent d'étudier, mais incitent à en méditer l'énigme et en cela excèdent de manière si profonde que soudain le scientique et le technique devient médiateur de poésie et d'interrogations ontologiques.

C'est dans cet esprit qu'il faut recevoir les quelques fagments qui suivent, et dans lesquels je me suis abandonné librement à cette inspiration.

 

Comète

 

De quel visage sera la mystérieuse,

Celle qui depuis toujours

Voyage au coeur des nuits,

Marbrée de ses mystères,

Enfant première du chant

Qui, secrètement, murmure,

Comme une abeille au cerisier,

La lente germination de l'invisible.

 

Philae

 

Le ciel a lui aussi ses espèces fossiles qui continuent de le hanter, toujours douées d'une vie étonnamment lyrique lorsque de leur matière, battue comme un métal sur la forge du temps, s'élèvent des gerbes lumineuses faisant songer à celles que les baleines projettent à la surface des océans. Au fur et à mesure que l'on s'approche, ce léviathan des nuits désertes affirme son allure de chimère cuirassée de poussière, de glace et de très sombres molécules philosophales. Puis c'est un paysage, une terre fondamentale antérieure à la terre qui apparaît sous l'oeil du visiteur, si tourmentée et si fragile que le monstre spatial devient objet d'attendrissement, comme s'il était l'emblème d'une nostalgie errante qui depuis l'origine parcourt le cercle du système solaire, marbrée de ses mystères où dort peut-être encore la graine d'une fleur jamais formée à l'état nu de pur possible abstrait dans les archives du vide.

 La nuit est habitée du plus léger et plus fragile des visiteurs, venu à la rencontre du mystère qui l'attendait dans le silence, fruit émouvant de l'origine voyageant avec lui. Sur cet îlot de solitude, face aux étoiles, un peu de notre esprit vient de rejoindre sa naissance.

Il y a dans la comète quelque chose d'un dragon chinois qui aurait trouvé refuge dans la nuit du vide, déployant ses articulations rugueuses en toute liberté, sans crainte de bousculer villages, gens et paysages, loin des chasseurs et collectionneurs de curiosités. Et voici que prend pied sur son échine un petit visiteur immaculé, chargé de la sonder, la regarder, l'analyser tandis que se poursuit sa course solitaire dans l'anneau d'éternité où plongent ses horizons escheriens, entre glace et feu, silence et chant secret, mémoire et devenir. Comme une giration du temps autour de lui-même sous forme de concrétion hantée par le peut-être.

 

© Marc-Henri Arfeux, all rights reserved

 

 

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