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Marc-Henri Arfeux au fil des jours : Publications, Nouveautés, Evénements
1 décembre 2014

PARUTION DE L'ELOIGNEMENT AUX EDITIONS DU LITTERAIRE

J'ai Le plaisir de vous annoncer la publication d'un nouveau récit intitulé L'Eloignement par Les Editions du Littéraire.

 

eloignement_couv

 http://leseditionsdulitteraire.com

 

L’éloignement - MARC-HENRI ARFEUX

Il y recherchait la solitude propice à son travail de peintre. Il croyait l’avoir trouvée en s’installant dans cette vaste demeure isolée, au fin fond d’une campagne lointaine. Pourtant, dès son arrivée, la maison – et les forêts qui l’entourent – semblent animées, voire habitées par une étrange et obscure personnalité.
Est-ce l’énigmatique Hélène, surgie de nulle part, qui incarnera ce nouveau monde ? Quel est ce secret qui viendra troubler l’aura du silence ravivé par la présence de ce drôle de locataire ?
Sortiront de leur léthargie les questions embarrassantes, les énigmes indéchiffrables, les pressentiments émotionnels…

C’est alors que débutera cette histoire d’une fascination où l’attente n’est pas le moindre des sortilèges.

Marc-Henri Arfeux est né à Lyon en 1962. Après des études de philosophie et de littérature, il se partage entre l’écriture, la peinture, la composition électroacoustique et la photographie. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages – qui traitent d’une même interrogation autour de l’énigme de l’existence et du monde – il vient de recevoir le Grand Prix de la Prose Gaston Baissette 2014.

  • Broché: 96 pages
  • Collection : La bibliothèque de Babel (30 novembre 2014)
  • ISBN-10: 2919318285
  • ISBN-13: 978-2919318285

Début de L'Eloignement :

 

LA MAISON M’AVAIT PLU, pour ce qu’elle se trouvait très à l’écart, en position d’attente, à la lisière de la forêt. La grille s’ouvrait sur un chemin bientôt perdu de vue sous le couvert des arbres. On pressentait qu’il n’en venait jamais personne et, dans la cour, tenant sur ce côté lieu de jardin, veillaient les feux tranquilles de roses anciennes qui semblaient nées spontanément. La route conduisant au village, prenant à droite derrière le mur de ce jardin, demeurait invisible et s’éloignait presque aussitôt dans le silence. De là non plus, on ne pouvait s’attendre à l’arrivée d’un visiteur qui n’ait été dûment convié.

L’arrière, par un vaste salon servant aussi de chambre, donnait sur une prairie qui avait due être une pelouse, avant de revenir graduellement à l’état de clairière environnée de bois. Les premiers arbres, principalement des hêtres et des érables, montaient à des hauteurs magiques et décrivaient un demi-cercle pur, donnant à cette prairie l’aspect d’un lieu perdu comme il s’en trouve dans les forêts qu’aucun piéton n’a traversé depuis de longues années.

Sur le couchant, un autre pré en pente rejoignait une rivière masquée dans ses rideaux de peupliers.

La maison, quant à elle, tenait à sa rudesse qu’adoucissait en filigrane certain esprit sensible donnant le sentiment que, des générations qui l’avaient habitée, se conservait l’aura diffuse à l’unisson de ce pays désamarré.

Rien d’autre, et le silence, porté sur la lumière horizontale d’une fin d’après-midi. Je ne pris pas la peine de visiter l’étage. Ce que j’avais pu voir me suffisait.

Dix jours auparavant, quand le notaire du lieu m’avait écrit sur le conseil d’un ami proche, j’avais perçu, derrière les mots prudents, que la maison correspondrait exactement à mon attente. Sous l’apparence de précisions, certaines formules s’abandonnaient d’ailleurs, quoique qu’indirectement, comme par mégarde, à une tonalité plus personnelle qu’on l’aurait attendu d’un tel courrier : « La Renardière est à distance de toute habitation; elle convient donc à une personne qui souhaite la solitude. On n’a fixé qu’une condition. Le locataire doit vivre seul et s’engagera pour une durée d’un an qui sera renouvelable, sur le principe d’un mutuel accord.» D’emblée, ces éléments, tout comme cette clause inattendue, m’avaient séduit, et ma visite avait aussitôt confirmé cette impression. Il fut convenu que j’entrerais dans la maison à la deuxième quinzaine de mai. Une fois tous les jeudis, une femme de charge viendrait assurer l’entretien. On m’épargna d’avoir à la chercher et la choisir en me recommandant une personne de confiance, discrète et efficace, connue et estimée dans le pays. Je donnai mon accord, heureux de n’avoir pas à m’occuper d’autres détails que ceux de ma prochaine installation.

J’arrivai donc un vendredi, en cours d’après-midi, par très beau temps. Mes malles et les six caisses qui contenaient mon matériel furent transportées et déposées par deux hommes du village dans celles des pièces que j’indiquai. Selon l’usage, je leur offris un verre de vin et les payai, puis ils partirent silencieusement. J’étais cette fois tout à fait seul. Repoussant l’ouverture des caisses au lendemain, je vins m’asseoir sur le perron.

Il regardait la grille ouverte et le chemin. Tout comme le jour de ma première visite, une longue lumière oblique s’unissait à ce paysage, le révélant de l’intérieur en ses présences et ses détails les plus ténus. Dans le jardin, les moindres brins de l’herbe vivaient avec une calme intensité, comme les broderies d’une tapisserie dont tous les fils entrelacés sont perceptibles. Les roses brûlaient la lampe votive de leur parfum dans la lenteur de l’air, créant une île de transparence derrière laquelle se devinait l’émanation plus grave et plus obscure de la forêt. La grille ouverte, aux fins barreaux luminescents, marquait un seuil entre ces deux espaces, posant au sol une ombre délicate qui évoquait de loin une sorte d’aile. Je pressentis que la fermer serait non seulement inutile mais malvenu, tant l’unité de ce lieu pur s’imposait à l’esprit. Il respirait sous mon regard, avec un si grand naturel que je n’osais faire un mouvement, de peur de déranger son évidence. Jardin, grille et chemin tourné vers la forêt s’entretenaient silencieusement sous mon regard, tandis que la lumière vivait en suspension, retenue par le charme dont elle était un personnage à part entière. L’heure, avec elle, était passée sur le versant de l’immobile. C’était en soi un événement sans anecdote qui, tout entier, me ravissait.

Souvent, les paysages sont des conversations qui sollicitent notre présence, bien que se passant d’elle, unis qu’ils sont par leur secret. C’était le cas de celui-ci. Assis comme je l’étais devant sa beauté simple, je ressentais sa personnalité latente. Un être intime et réservé me dévoilait son existence, et c’était avec lui, ou tout au moins à ses côtés, que j’allais vivre désormais. J’avais voulu la solitude parfaite de cette campagne reculée, mais sans la mesurer comme à présent. Car pour la première fois, je prenais peu à peu conscience de l’équivoque de cette idée. La solitude imaginée n’a pas de corps. Une fois réelle, elle nous impose un fait sans nulle mesure avec le jeu confus de nos attentes et, brusquement, son nom lui- même est ébranlé. Je découvrais soudain que, libéré de toute présence humaine capable de distraire et d’attirer dans ses raisons, je n’étais justement pas seul : jardin, grille et chemin, forêt, lumière, jusque au silence, tout existait avec l’intensité d’une âme douée de rêve et d’un regard dont j’ignorais l’objet. J’étais du moins certain que ce n’était pas moi, visiteur immobile sans importance, qui captivait son attention.

 

© Marc-Henri Arfeux/Les Editions du Littéraire, all rights reserved

 

L'Eloignement est disponible en librairie ou en ligne :

http://www.amazon.fr/Léloignement-Marc-Henri-Arfeux/dp/2919318284/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1417428150&sr=1-1&keywords=éloignement+arfeux

 

 

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